Remonter

Apprendre de ses erreurs : 3 réflexes pour aider nos ados à apprendre de leurs erreurs

Je ne sais pas si vous serez d’accord avec moi, mais je trouve que nous, les parents, recevons beaucoup d’injonctions, souvent paradoxales et contradictoires. Mais quel lien avec “apprendre de ses erreurs” me direz-vous ? Dans les attentes de la société vis-à-vis du rôle de parent, il y a celle de faire de nos enfants des élèves modèles : ceux qui apprennent facilement. Et il y en a une que j’aime tout particulièrement : “Il faut apprendre de ses erreurs”. Ça fait partie des clichés de l’apprentissage :  tout le monde le dit, mais qui le fait vraiment ? Encore plus difficile pour nos ados que pour nous, alors quelques reflexes pour les aider.

APPRENDRE DE SES ERREURS : VOUS LE FAITES VRAIMENT VOUS ?

Il faut faire quoi exactement pour apprendre de ses erreurs ?

Un des exemples qui est pris le plus souvent pour illustrer “apprendre de ses erreurs”, c’est l’apprentissage de la marche. Nous l’avons tous fait :

  • Je me lance sur mes deux jambes
  • Je tombe
  • Je recommence

Et je répète ce cycle jusqu’à ce que je sache marcher. En version un peu plus élaborée, apprendre de ses erreurs est un vrai acte d’apprendre. Et cette stratégie d’apprentissage fonctionne en cycle :

  • Je fais quelque chose
  • Je reçois un feedback sur ce que j’ai fait qui me dit si c’est bon ou pas.
  • Je me pose pour analyser/comprendre ce qui n’a pas marché.
  • Je refais, en modifiant un petit peu ma façon de faire

Et je répète ce cycle, jusqu’à ce que je maîtrise complètement la tâche que je cherche à apprendre. Recommencer après un échec c’est bien plus facile à dire qu’à faire.
La première condition pour apprendre de ses erreurs, c’est de réessayer ne serait-ce qu’une fois pour rebondir après un échec ou une déception. 

Cela veut dire ne pas se décourager, oser prendre le risque d’un nouvel échec en ré-essayant.

Vous trouvez ça facile vous : vivre quelque chose comme une erreur, voire un échec; et hop s’y remettre comme si de rien n’était ?

Votre ego a pris un coup. Vous venez de connaître des émotions pas très agréables. Ce n’est vraiment pas les meilleures conditions pour prendre du recul, puis aller de l’avant.

La peur de l’échec, c’est le plus grand blocage de l’apprentissage de ses erreurs.

Refaire après une erreur reste pourtant une des meilleures manières d’apprendre

Apprendre de ses erreurs c’est tellement une de meilleures façons d’apprendre que c’est la méthode qui est utilisée en intelligence artificielle.

Là, vous vous dites, mais pourquoi donc parler d’intelligence artificielle alors qu’il s’agit de faire apprendre un être humain ?

L’intelligence artificielle, ce n’est ni plus ni moins que de faire apprendre des machines :

  • reconnaître des images
  • proposer dans votre fil facebook un post qui va vous intéresser
    etc…

Du coup, pour répondre à la question “comment apprendre”,  je regarde de près comment fonctionne l’intelligence artificielle. Parce que les chercheurs en intelligence artificielle cherchent à reproduire le fonctionnement du cerveau humain. Au point qu’un des algorithmes les plus puissants en IA s’appelle un réseau de neurones.

apprendre de ses erreurs

Et les deux grandes stratégies d’apprentissage pour une intelligence artificielle font toutes les deux appels à apprendre des erreurs : apprentissage supervisé ou apprentissage par renforcement utilisent tous les deux le cycle ci-dessus.

Ça consiste à faire refaire des centaines de milliers de fois la tâche qu’on veut apprendre à la machine; en lui donnant un feedback à chaque fois pour qu’elle s’améliore.

Facile pour les machines de refaire des centaines de milliers de fois quelque chose jusqu’à le maîtriser parfaitement. Mais pas du tout si facile pour nous les êtres humains de refaire ne serait-ce qu’une fois.

APPRENDRE DE SES ERREURS : 2 RAISONS QUI COMPLIQUENT LES CHOSES POUR NOS ADOS 

Première raison : le collège ou le lycée n’est pas le meilleur endroit pour apprendre de ses erreurs.

Laissez moi vous raconter l’échange avec une maman. C’est cet échange qui m’a décidé à vous écrire sur ce sujet. Appelons la maman Aurélie, et appelons son fils Arthur.  Pour tout vous dire, la discussion m’a secouée.

Arthur est cette année en 3e, et il souhaite intégrer au lycée un cursus sélectif : la ST2A pour ceux qui connaissent. Alors Arthur cette année, il s’est vraiment mis à bosser (pour ceux qui se demandent comment motiver un ado : avoir un objectif à atteindre ca aide).

Et jusqu’ici Arthur il s’en sortait plutôt bien. Mais voilà, lundi dernier,  Arthur a eu ses résultats de brevet blanc. Et ces résultats ne sont pas bons. Ce lundi soir Arthur était désespéré, convaincu qu’il n’aura pas sa ST2A; et déclarant à sa mère que l’an prochain il arrête l’école. 

Dans une démarche d’apprentissage par ses erreurs, une note ne devrait être que le feedback reçu sur ce qu’on fait; le signal qu’il reste des choses à apprendre. Le stimulus pour recommencer,  réessayer.

Mais une mauvaise note est rarement vécue comme cela par nos enfants; il me semble.

Parce qu’après la note,  nos enfants n’ont jamais l’occasion de réessayer.  

Je ne parle même pas de refaire les évaluations, jusqu’à ce qu’elles soient réussies. 

Je parle juste de ne pas passer au chapitre suivant, tant que les apprentissages ne sont pas acquis.

Résultat : la situation d’apprentissage que vivent au quotidien nos ados, autrement dit notre système éducatif est une situation d’apprentissage où il n’existe pas vraiment de droit à l’erreur;

Difficile dans ces conditions d’être un praticien aguerri de l’apprentissage par ses erreurs.

 

2e raison : Le cerveau des ados apprend encore mieux de ses succès que de ses erreurs

Les neurosciences montrent que le cerveau des ados apprend mieux de ses succès que de ses erreurs.

Il y a quelques années, j’ai suivi une formation sur le développement des adolescents. Dans un des cours, j’avais entendu sans trop m’y arrêter que les ados apprennent mieux de leurs succès que de leurs échecs. 

Alors quand je me suis mise à écrire cet article, je suis retournée creuser cette question. J’ai fini par dénicher l’étude faite par des neuroscientifique américains qui éclaire cette question.

La démarche expérimentale de cette étude repose sur un groupe d’adolescents, et un groupe d’adultes.
Les deux groupes sont soumis à un apprentissage, puis testés. Il y a 3 conclusions à cette étude

  • Sans surprise, les adolescents apprennent mieux que les adultes : ça vous l’aviez sûrement déjà constaté.
  • Les  adolescents apprennent bien de leurs erreurs : ça c’est rassurant.
  • Mais la vraie découverte, c’est que les adolescents apprennent encore mieux de leurs succès,
    L’imagerie médicale des cerveaux des ados montre qu’il se passe plus d’activité dans la zone du cerveau liée à la mémorisation.

Les adultes de l’étude apprennent de la même façon qu’ils obtiennent un succès ou un échec. Intéressant de comprendre ce qu’est un succès pour notre cerveau. Une des choses qui m’a le plus intéressé dans cette étude c’est ce qui était vécu comme un succès par les participants à l’étude.

J’aurai imaginé que réussir c’est “donner la bonne réponse”  ou “obtenir le résultat correct”.
Et bien pas vraiment.

Ce qui est vécu comme un succès, c’est plutôt la bonne surprise celle où j’ai un meilleur résultat que ce que j’anticipais. J’illustre pour être plus claire :

  • les participants apprennent quelque chose
  • ils sont testés
  • ils sont questionnés sur : pensez vous avoir réussi ou pas le test ?
  • le succès c’est quand ils ne pensent pas avoir réussi, mais qu’en fait si. C’est dans ce cas que l’apprentissage est le meilleur.

Le succès c’est quand le résultat dépasse la prédiction faite par l’adolescent.

Pour l’illustrer avec l’exemple de l’école : un succès pour nos ados c’est quand il ou elle a une meilleure note que ce à quoi il ou elle s’attend quand il ou elle sort de son contrôle.

C’est donc une perception plus qu’un élément objectif. Et ça c’est une très bonne nouvelle, parce qu’une perception on peut la changer !

apprendre de ses erreurs

APPRENDRE DE SES ERREURS : AIDER NOS ADOS À APPRENDRE DE LEURS ERREURS : 3 RÉFLEXES À CULTIVER

1/ Résister au “réflexe engueulade” quand on surprend son ado en flagrant délit d’erreur.

En tant que parent, je suis souvent confrontée à mes contradictions.

Je professe le droit à l’erreur, l’importance d’apprendre de ses erreurs.

Mais quand l’une de mes filles repeint la cuisine avec de la sauce tomate à l’occasion d’un essai de recette;  à votre avis je lui dis quoi  ?

  • Réponse A : “ Tu aurais pu faire attention ! Tu es priée de nettoyer tout ca et rapidement”
  • Réponse B : “Nous allons nettoyer ensemble ma chérie, et je vais te montrer comment faire pour utiliser un mixer sans en mettre partout”.

En réalité ça dépend un peu, beaucoup de mon humeur du jour, et de de ce que j’avais prévu de faire plutôt que de nettoyer la cuisine.

Mais ce qui est sûr, c’est que quand je fais l’option B,  ma fille le coup d’après, elle ne repeint pas la cuisine.

J’ai volontairement pris un exemple non scolaire; parce que c’est infiniment plus compliqué à faire dans le contexte scolaire :

  • Quand l’orientation de nos enfants dépend de leurs résultats scolaires; ce n’est pas toujours possible de relativiser les notes.
  • Et ce qu’il faudrait faire vraiment, c’est à dire reprendre avec son enfant la copie ratée n’est pas faisable tout le temps : manque de temps, manque de compétences en la matière.

Peut-être la seule chose possible, c’est si son enfant est déjà lui-même stressé par ses résultats scolaires, c’est d’essayer de ne pas en rajouter : ne pas le gronder ou garder pour nous notre anxiété ?

J’ai volontairement pris un exemple non scolaire; parce que c’est infiniment plus compliqué à faire dans le contexte scolaire :

  • Quand l’orientation de nos enfants dépend de leurs résultats scolaires; ce n’est pas toujours possible de relativiser les notes.
  • Et ce qu’il faudrait faire vraiment, c’est à dire reprendre avec son enfant la copie ratée n’est pas faisable tout le temps : manque de temps, manque de compétences en la matière.

Peut-être la seule chose possible, c’est si son enfant est déjà lui-même stressé par ses résultats scolaires, c’est d’essayer de ne pas en rajouter : ne pas le gronder ou garder pour nous notre anxiété ?

2/ Encourager et valoriser régulièrement nos ados pour qu’ils essayent et ré-essayent

A partir du moment où nos ados apprennent mieux de leurs succès; et que le succès c’est avant tout la perception qu’ils en ont; et bien on peut agir sur leur perception : les aider à voir leurs succès et leurs réussites plus que leurs erreurs.

Des 3 astuces, c’est celle que je trouve la plus facile: saisir toutes les occasions d’encourager, de féliciter, de souligner une réussite.
Une réussite, ca peut être :

  • bien sûr un résultat obtenu
  • mais aussi un effort fait. 

Un des plus gros clichés sur les ados, c’est de penser qu’ils se moquent de ce que leurs parents disent ou pensent d’eux. 

Ok ils ne vont pas toujours le montrer, mais je vous garantis qu’ils y sont sensibles. Passer un message positif peut faciliter les apprentissages

C’est ce que nous essayons de mettre en œuvre comme pédagogie et état d’esprit dans nos stages et dans nos cours de création numérique pour ados. 

 

Quand je coache un de nos intervenants, je vérifie toujours qu’il ou elle est :

  • Capable de me donner un point sur lequel il pourra valoriser chacun de ses élèves. Facile pour nous par rapport à l’école puisque nous avons au maximum 8 apprenants et pas 30, nous sommes plus proches d’un tutorat que d’un cours.
  • Prêt ou prête à remercier un élève qui fait une erreur : là j’ai toujours un grand succès la première fois où j’explique à un intervenant que c’est ce qu’il faut faire.
  • Sait comment encourager un élève qui n’arrive pas du premier coup ou qui trouve qu’il fait moins bien que les autres.

3/ Tout simplement accepter qu’ils fassent des erreurs

Ce que je trouve personnellement le plus difficile, c’est bien cela. Pour apprendre de ses erreurs, cela veut dire qu’il faut accepter d’en commettre. Et donc accepter l’échec; ou plutôt ne pas avoir peur de se tromper. Ce n’est pas si facile pour soi-même. C’est généralement encore plus compliqué pour ses enfants :

  •  on veut les protéger;
  • on veut leur éviter de faire les erreurs que nous mêmes avons faites;

 

Involontairement, nous glissons de « tu dois apprendre de TES erreurs » à : “tu dois apprendre de MES erreurs”.

Quand ils sont petits, c’est facile : on décide pour eux, tout. On les laisse rarement faire des choses nouvelles sans être accompagnés (que ce soit par nous, ou par d’autres adultes).
Quand ils deviennent ados, ils ont de plus en plus leur mot à dire.
Et les aider à apprendre de leurs erreurs, ca passe aussi parfois par les laisser faire des choses ou des choix; qui ne sont pas ceux qu’on aurait fait à leur place.

Lâcher-prise sur la prise de décision, et les laisser grandir. En fait, juste leur faire confiance sur le fait qu’ils peuvent connaître des difficultés et trouver leurs propres ressources pour les surmonter. Quand apprendre de ses erreurs devient apprendre de ses expériences. Comme nous mêmes nous l’avons fait.

 

Voilà voilà, si vous êtes toujours en train de lire cet article, c’est que le sujet vous a parlé. Comme toujours, n’hésitez pas à liker cet article et me faire part de vos questions, vos témoignages (via notre page contact)…

Fabienne, fondatrice de Digi Activity