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Pourquoi développer les compétences numériques des ados ?

Nos enfants sont digital natives selon l’expression consacrée. Pas besoin de leur apprendre le numérique et de développer leurs compétences informatiques, ils sont comme Obélix avec la potion magique : tombés dedans quand ils étaient petits. Et comme ils passent déjà des heures devant les écrans; notre tentation de parents c’est plutôt de vouloir les en éloigner. Pourtant dans une récente tribune dans l’Express, le docteur Laurent Alexandre dénonçait avec raison la tromperie derrière l’expression Digital Natives. Et c’est pour cela qu’il est vraiment crucial de cultiver les compétences numériques de nos enfants.

L’informatique un jeu d’enfant pour les ados ?

Nos adolescents nous épatent tous les jours dans leur agilité à utiliser les outils numériques. Ils s’envoient stories et vidéos sur Snapchat ou Instagram à la vitesse de l’éclair. Ils vivent en symbiose avec leur téléphone. Ce qui ne manque pas d’occasionner des conflits quotidiens à la maison. Ils dénichent des masses d’informations sur Youtube,  préparent des exposés sur Powerpoint…

ado jeu videoEt puis surtout ils jouent aux jeux vidéo. Le gaming occupe souvent une part importante de leur vie, en particulier pour les garçons. Des jeux comme Fortnite ou Minecraft sont ainsi devenus un véritable phénomène générationnel… pour le meilleur et pour le pire avec toutes les problématiques d’addiction qui y sont liées. Le jeu est  une pratique souvent intense du numérique. Mais jouer aux jeux vidéo n’est pas savoir créer ou programmer un jeu.

Ils sont également indéniablement les champions des réseaux sociaux. Il faut dire que les concepteurs des Snapchat, Instagram et autres Tik Tok ont tout fait pour rendre leurs interfaces « user friendly ». Pas besoin de mode d’emploi pour utiliser ces applis. Leurs designers ne veulent surtout pas que l’on voit l’arrière-cuisine de leurs programmes. On ne doit soupçonner ni les lignes de codes et encore moins les algorithmes

 

Et c’est là que le bât blesse. Si comme moi, vous avez commencé à utiliser les outils informatiques et Internet, il y a une vingtaine d’années, vous savez qu’il a fallu se confronter à la bête avant de la dompter. A l’époque pour se connecter à Internet, enregistrer un fichier, faire une recherche sur un moteur de recherche, il valait mieux comprendre comment ça marchait ; parce que sinon vous ne faisiez pas grand-chose.

Cette expérience d’un monde digital peu ergonomique, régulièrement en panne,  nos enfants ne l’ont pas vécu. La grande supercherie derrière le terme « digital natives »  elle est là : la confusion entre la dextérité réelle qu’ont nos ados avec les outils digitaux avec la maîtrise des usages, et la connaissance de l’informatique.

A l’heure d’Internet, des réseaux sociaux et de l’intelligence artificielle, comprendre un peu plus en profondeur l’informatique devient un élément fondamental de la culture générale au même titre que le français ou les mathématiques. Ainsi Tim Cook le PDG d’Apple déclarait-il récemment qu’il lui semblait « plus important d’apprendre à coder que d’apprendre l’anglais ».

Quelles compétences numériques cultiver chez les ados ?

L’Education Nationale a commencé à prendre le tournant avec les « humanités numériques ». Elle a d’ailleurs formalisé ce qui signifie développer ses compétences numériques dans un référentiel très complet baptisé Pix organisé autour de 5 domaines :

  • Informations et données avec notamment mener une recherche ou une veille, gérer et traiter des données
  • Communication et collaboration avec comment interagir, partager, publier et collaborer en ligne
  • Création de contenu avec la création de documents textuels ou multimédias et enfin l’incontournable coder, programmer
  • Protection et sécurité avec la sécurisation d’un environnement numérique et la protection des données personnelles et de la vie privée
  • Environnement numérique, avec la capacité à organiser son environnement digital, et à dépanner quand ca ne marche pas plutôt que de jeter et racheter 😊

Ce référentiel de compétences est particulièrement bien construit. Pour prendre une image, cela s’apparente à l’apprentissage de la conduite : savoir faire avancer ou tourner une voiture, ce n’est pas  être un conducteur autonome. Un conducteur autonome c’est celui qui est capable non seulement de conduire une voiture, mais aussi de circuler sur le réseau routier sans avoir d’accident, de trouver son chemin  jusqu’à sa destination finale. Et accessoirement capable de dépanner sa voiture si elle tombe en panne. Ainsi si je fais le lien avec les compétences digitales :

  • La maitrise de l’environnement informatique et la création de contenu c’est comme savoir comment fonctionne une voiture, l’entretenir, l’alimenter en carburant  et la conduirepanneaux routiers
  • Communication et collaboration, la protection et sécurité c’est comme connaitre et appliquer le code de la route, pour circuler sur le réseau routier avec les autres usagers de la route.
  • Informations et données, c’est comme savoir choisir un itinéraire et le suivre.

Mais concrètement avez-vous entendu parler du travail sur ce référentiel PIX dans l’établissement scolaire de votre enfant. Sans doute pas. Cette transformation digitale de l’école n’en est qu’à ses débuts et le défi est immense.

En attendant que l’école soit au rendez-vous, il est toujours possible d’utiliser les nombreux moyens d’évaluer ses compétences numériques.
Ca permet de se donner une bonne idée de ce qu’il reste à travailler.

Et comment faire pour développer les compétences numériques des ados ?

Au-delà du contenu technique mentionné ci-dessus, un maître-mot nous semble fondamental pour nos enfants et adolescents : ACTIFS.
Développer ses compétences numériques, c’est ne pas restreindre son usage du numérique à l’utilisation passive de Youtube ou Snapchat. C’est devenir véritablement actif avec le numérique.

Dans nos stages Digiactivity, les adolescents apprennent à utiliser de nouveaux outils, à s’y confronter. Vidéos, dessins numériques, sites Internet, nous leur faisons créer des objets numériques. Ils se frottent concrètement et de manière ludique aux logiciels. Ils en ressortent avec une vraie compétence qu’ils pourront ensuite cultiver à la maison. C’est ce que nous appelons « devenir créactif du numérique ».