Pourquoi apprendre à l’ère de l’IA ?
« Apprendre avec l’intelligence artificielle » voila une phrase qui trotte dans la tête de plus d’un parent aujourd’hui.
Il y a quelques semaines, une conversation m’a marquée. Une enseignante de CM2, investie et passionnée, m’a partagé un doute qui l’habite :
“Je me demande parfois si ce qu’on enseigne à l’école a encore du sens… surtout avec l’IA qui arrive partout.”
Cette interrogation, inconfortable mais profondément légitime, résonne avec une question que beaucoup de parents, d’éducateurs et d’ados se posent aujourd’hui : à quoi bon apprendre dans un monde où les machines savent presque tout ? Faut-il encore apprendre avec l’IA (Intelligence Artificielle) ?
Car oui, depuis l’arrivée des intelligences artificielles comme ChatGPT ou Copilot, certains jeunes n’hésitent plus à dire :
“Pourquoi je devrais apprendre ça, alors que l’IA peut le faire pour moi ?”
C’est une vraie rupture dans notre rapport au savoir. Et dans un monde où la technologie évolue à grande vitesse, il est naturel de s’interroger :
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L’apprentissage traditionnel a-t-il encore une place ?
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Quels savoirs faut-il transmettre à nos enfants ?
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Quelles compétences humaines seront encore utiles demain ?
Plutôt que de craindre que l’IA remplace nos enfants, je vous propose une autre réflexion : comment l’éducation peut-elle aider les jeunes à rester maîtres de leur avenir ?
Et si, paradoxalement, apprendre avec l’IA devenait l’une des meilleures armes pour évoluer avec l’intelligence artificielle, sans jamais en devenir dépendant ?
Que doivent apprendre nos enfants pour ne jamais devenir obsolètes ?
Se demander s’il faut encore apprendre à l’ère de l’intelligence artificielle, ce n’est pas poser une question rhétorique. C’est, au contraire, une interrogation fondamentale : qu’est-ce qu’il est encore essentiel de savoir et de savoir faire dans un monde où la technologie progresse à toute vitesse ?
Car au fond, ce que nous redoutons, c’est que nos enfants deviennent “obsolètes”, au sens où certaines compétences humaines pourraient ne plus être utiles, remplacées par des machines plus rapides, plus performantes, plus “intelligentes”.
Le Forum Économique Mondial, dans son rapport biennal The Future of Jobs, propose une grille de lecture précieuse. Il y identifie les compétences clés pour le monde de demain. Le rapport 2025 — en particulier le schéma 3.6 en page 41 — met en évidence un fait marquant : les compétences purement techniques ne sont plus au centre.
Voici les 8 compétences principales à développer d’ici 2030, réinterprétées ici dans une version accessible pour les ados :
- Pensée analytique : savoir décortiquer une situation complexe, tirer des conclusions logiques
- Pensée systémique : comprendre comment les éléments d’un ensemble interagissent
- Curiosité et apprentissage actif : aimer comprendre, chercher, progresser
- Créativité et originalité : produire des idées nouvelles, penser autrement
- Résilience, flexibilité, agilité : s’adapter, rebondir, évoluer
- Intelligence émotionnelle : comprendre les autres, gérer ses émotions
- Leadership et influence sociale : mobiliser un groupe, inspirer, convaincre
- Compréhension technologique : utiliser les outils numériques, en comprendre les principes
Ces compétences se répartissent en trois grandes familles :
- 🧠 Cognitives : tout ce qui touche à l’analyse, à la logique, à la capacité de relier les idées
- 💬 Psycho-sociales : savoir interagir, coopérer, gérer les imprévus et les émotions
- 🛠️ Techniques : les savoir-faire spécifiques, comme la programmation ou le dessin
Et ce qui saute aux yeux, c’est que les compétences techniques ne sont qu’une petite partie de l’équation. Ce sont même celles que les IA apprennent le plus vite. Mais les IA ne savent pas (encore) raisonner en profondeur, faire preuve d’empathie, ou fédérer autour d’un projet.
Ce sont donc toutes ces autres compétences — celles qui relèvent de l’intelligence humaine — qui deviennent nos meilleurs atouts dans un monde technologique, changeant, globalisé. Apprendre, aujourd’hui, c’est surtout apprendre à ne pas être remplaçable.
Apprendre reste l’un des meilleurs moyens de développer ces compétences
Face aux changements profonds que l’IA impose à nos sociétés, beaucoup pourraient penser que l’apprentissage classique a perdu de sa valeur. Et pourtant, il reste l’un des meilleurs moyens de développer les compétences du futur. Il faut encore apprendre à l’ère des IA !
Prenons d’abord les compétences cognitives, qui représentent le socle de notre capacité à comprendre le monde. Quand un enfant ou un ado apprend, il mobilise naturellement sa pensée analytique : il doit organiser des informations, en tirer du sens, les confronter à d’autres savoirs. Il développe aussi sa pensée systémique en reliant des concepts, des disciplines, des perspectives. Par exemple, comprendre un problème environnemental, ce n’est pas seulement maîtriser quelques faits scientifiques. C’est voir les interactions entre écologie, économie, politique, comportements humains…
Mais apprendre ne se limite pas à développer le cerveau. C’est aussi une école de la résilience et de l’adaptabilité. Car apprendre, c’est accepter de ne pas tout savoir, de se tromper, de recommencer. Cela demande de la patience, de l’humilité, une capacité à faire face à la frustration. Toutes ces qualités sont au cœur des compétences psycho-sociales du futur. Et ce n’est pas théorique : chaque enfant qui apprend à coder, à dessiner, à jouer d’un instrument ou à écrire une histoire traverse ces moments de découragement… pour mieux rebondir ensuite.
Il faut aussi rappeler une évidence : L’impact de l’IA sur l’école. On oublie parfois : mobiliser une compétence est le meilleur moyen de la développer. C’est en argumentant qu’on apprend à penser. C’est en coopérant qu’on apprend à gérer les relations humaines. C’est en cherchant une solution qu’on devient plus agile.
Enfin, même si les savoir-faire techniques sont moins au cœur des attentes, ils ne sont pas à négliger. Ils deviennent des supports pour exercer les autres compétences. Par exemple, apprendre à programmer un jeu vidéo est certes un apprentissage technique. Mais c’est aussi un prétexte formidable pour structurer sa pensée, résoudre des problèmes, travailler en équipe, persévérer.
Apprendre, ce n’est donc pas seulement accumuler du savoir. C’est surtout se forger des outils intérieurs, qu’aucune IA ne peut remplacer.
Se former avec l’IA, c’est nourrir son esprit… et sa créativité
À force d’entendre que les connaissances sont disponibles « en un clic », certains en viennent à penser qu’il n’est plus nécessaire de les acquérir. Qu’il suffirait de « savoir chercher sur Google » ou de « demander à ChatGPT ». Et pourtant, les connaissances restent le carburant de la pensée… et de la créativité.
Prenons un exemple simple : celui du calcul mental. Pourquoi apprendre ses tables de multiplication quand on a une calculatrice dans la poche ? La réponse tient dans une compétence cognitive essentielle : la pensée critique. Être capable de faire un calcul à la volée, même approximatif, c’est ce qui permet de détecter une incohérence, de vérifier une estimation, d’éviter une erreur grossière. Et pour ça, il faut avoir appris.
C’est pareil pour le vocabulaire. Un traducteur automatique peut vous aider à comprendre une langue étrangère, oui. Mais pour avoir une vraie conversation, fluide, naturelle, avec des nuances, des expressions familières, il faut posséder les mots dans sa tête. On ne peut pas improviser une discussion authentique si on doit traduire chaque phrase mot à mot.
Et que dire de la créativité, souvent vue comme un talent inné ? Elle se nourrit en réalité de références, de modèles, de styles. Chez Digi Activity, on le voit très bien : les élèves les plus créatifs sont souvent ceux qui ont une vraie culture dans leur domaine.
- En dessin numérique, ceux qui connaissent d’autres références que le manga produisent des créations plus riches, plus originales.
- En jeux vidéo, ceux qui ont exploré différents styles et mécaniques de jeu inventent des concepts inédits.
- En MAO, ceux qui ont écouté des genres variés composent des morceaux plus audacieux.
Créer, ce n’est pas inventer à partir de rien. C’est recomposer à partir de ce qu’on a appris, vu, entendu, exploré. Plus on a de matériaux mentaux, plus on peut créer avec liberté.
Alors oui, apprendre prend du temps. Apprendre avec l’IA aussi. Mais c’est ce temps passé à apprendre qui alimente notre capacité à innover. Sans apprentissage, pas d’imagination fertile. Et sans imagination, aucune IA ne peut vous aider à créer ce qui n’existe pas encore.
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Apprendre, c’est savoir utiliser l’IA avec intelligence
On parle beaucoup de l’intelligence artificielle comme d’un outil révolutionnaire. Et c’est vrai : ChatGPT, Midjourney, Copilot ou d’autres sont capables de coder, de dessiner, d’écrire, de traduire… en quelques secondes. Mais ce que l’on observe dans la réalité, et notamment dans nos cours chez Digi Activity, c’est une immense différence entre les jeunes qui savent utiliser l’IA intelligemment… et ceux qui s’en servent sans recul.
Depuis deux ans, nous avons vu apparaître deux types d’élèves :
- Ceux qui copient une réponse d’IA sans comprendre, en espérant gagner du temps
- Et ceux qui s’appuient sur l’IA comme sur un tremplin de réflexion, un outil parmi d’autres
La différence entre ces deux profils ? Ce n’est ni leur âge, ni leur niveau d’aisance numérique. C’est leur capacité à comprendre, à réfléchir, à analyser. Et cela, ça s’apprend.
Apprendre à utiliser l’IA avec intelligence, c’est :
- Savoir formuler une bonne question
- Comprendre les limites d’une réponse générée automatiquement
- Identifier les imprécisions, les généralisations, voire les erreurs
- Croiser les sources, approfondir, enrichir
- Réinterpréter la réponse, l’adapter à son objectif
Et tout cela suppose des compétences préalables : culture, rigueur, esprit critique, capacités d’argumentation… autrement dit, des choses que l’on développe en apprenant.
Prenons des exemples concrets :
- Un élève qui a appris à faire une dissertation saura détecter si une réponse de ChatGPT est bien structurée ou vide de sens
- Un ado avec une culture artistique saura enrichir une image générée, la détourner, lui donner une vraie valeur ajoutée
- Un jeune qui maîtrise les bases d’un langage de programmation pourra utiliser un code proposé… et l’améliorer
- Un élève solide en sciences ou en histoire verra immédiatement si une réponse est biaisée, incomplète ou fausse
C’est peut-être l’un des plus grands malentendus autour des IA aujourd’hui : croire que parce qu’elles “savent tout”, on peut s’en remettre à elles sans effort. La vérité, c’est que plus on a appris, mieux on s’en sert. Et que sans bagage, on reste dépendant… et souvent à côté de la plaque.
L’IA est un outil puissant. Mais comme tous les outils puissants, elle nécessite un savoir-faire et un savoir-penser. Et ça, ça ne s’improvise pas : ça s’apprend.
On entend souvent que l’apprentissage devient inutile, puisque l’IA peut “tout faire”. Mais cette idée, aussi séduisante qu’elle puisse paraître, est un contresens. Apprendre n’a jamais été aussi essentiel — non pas pour rivaliser avec les machines, mais pour rester pleinement humain dans un monde où elles prennent de plus en plus de place.
Ce que l’on souhaite pour nos enfants, ce n’est pas qu’ils sachent tout, ni qu’ils maîtrisent chaque nouvelle technologie dès sa sortie. Ce que l’on veut, c’est qu’ils comprennent, qu’ils soient capables de s’adapter, de faire des choix éclairés, de créer, de collaborer, de remettre en question. Et cela ne s’improvise pas. Cela s’apprend.
Apprendre, c’est se construire une pensée critique, une culture, une vision du monde. C’est se donner les moyens de naviguer dans la complexité, de dialoguer avec les autres, de rester acteur de sa vie dans un environnement en perpétuel mouvement.
Alors non, apprendre avec l’IA ne rend pas l’apprentissage obsolète. Elle en renforce même la nécessité. Car plus nos enfants seront curieux, cultivés, nuancés… mieux ils sauront utiliser l’IA pour enrichir leur pensée, plutôt que pour s’y soumettre.
Et si c’était ça, le vrai enjeu de demain ? Non pas “être plus intelligent que l’IA”, mais apprendre avec l’IA c’est savoir en faire un allié au service de notre humanité.
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